La politesse : une valeur essentielle à l’épanouissement de l’individu ?

« La politesse coûte peu et achète tout », disait Montaigne.

Avait-il raison ?

La politesse est-elle un élément permettant à l’Homme de trouver ses marques dans son environnement, de faciliter ses rapports avec autrui, et d’adoucir le vivre ensemble à travers le respect et la cordialité ainsi mise en lumière ?

Certainement, le nier serait se mentir.

Pourtant, il semblerait que cette valeur soit en perdition, qu’elle se désagrège et soit aujourd’hui considérée comme une notion vieillissante, contraignante et de moins en moins commune.

Peut-on y voir le résultat d’une évolution des mœurs ?

Une tendance à l’égoïsme poussé, fruit de la prépondérance accordée à une nouvelle vision de l’échange, basée sur l’individualisme ?

Une conséquence directe de l’importance du besoin de compétitivité et d’un climat reposant sur le culte de la réussite ?

Difficile à dire.

Mais ce qui est certain, c’est que la politesse se perd, qu’elle devient désuète, et ce dès le plus jeune âge.

Il suffit d’étudier nos jeunes pousses à l’école pour s’en apercevoir : les mentalités changent et les enfants s’intéressent facilement à leurs droits qu’à leurs devoirs.

La réflexion du jour n’a évidemment pas été mise en ligne dans le but de juger ou de critiquer une situation qui se dégrade à mesure que le temps passe… mais bien pour favoriser une prise de conscience, un raisonnement nous permettant de nous interroger sur la nécessité de faire preuve de politesse.

Il apparaît en effet, que dans un milieu fait d’interactions où le poids du regard d’autrui pèse toujours plus sur nos épaules, la politesse est l’un des moyens les plus efficaces et les plus simples d’accès pour améliorer son image et jouir d’une bonne réputation.

Les retombées d’un comportement respectueux sont alors palpables sur tous les fronts.

Le problème me direz-vous, c’est que la définition même de la politesse semble obscure, floue et difficile à cadrer.

Elle évolue certes avec les usages, mais reste compréhensible comme la mise en exergue d’une volonté de réfuter toute idée d’agressivité et d’entretenir des relations pacifistes réciproques avec nos interlocuteurs.

Alors la question est posée… faisons-nous vraiment preuve de politesse de manière constante ?

1. La politesse ou l’introduction d’une vision égalitaire de l’échange

Dans un monde où les conflits d’intérêts se multiplient sous couvert d’une volonté d’affirmation de soi, d’un stress permanent et d’une vision très individuelle de son propre milieu, il n’est en réalité pas étonnant de voir courtoisie et politesse peu à peu dégringoler de l’échelle de nos priorités.

Quand on y réfléchit, nous pouvons même trouver des milliers d’excuses à un comportement dénué de considération envers autrui.

Énervés, nous penserons que cela n’a aucune importance, que les personnes avec qui nous entrons en contact ne traversent pas les mêmes zones de turbulences que nous, et qu’à ce titre, notre manque de temps, de joie de vivre ou de tolérance nous autorise à renier la politesse.

Un tel comportement est alors justifié par le contexte.

C’est vrai, qui n’a jamais pesté en entrant dans un bus bondé ?

Qui n’a jamais considéré que son retard était dû à un chef de train ?

Qui ne s’emporte pas au volant, faisant preuve de grossièreté à la vue de ce qu’il considère comme une erreur comportementale volontaire ?

Dans les faits, il nous arrive fréquemment d’oublier la politesse, alors considérée comme une façade, une manipulation de la vérité (en ce qu’elle ne reflète pas nécessairement notre état d’esprit à un moment donné), un comportement presque faux et mensonger.

Car oui, c’est bien là que notre perception se heurte à la réalité de terrain.

En tant qu’êtres conscients, soumis à des dispositions psychologiques fortes, nous avons tendance à laisser s’exprimer nos sentiments avant de ne serait-ce que concevoir la politesse comme une obligation collective.

Heureux, nous arpenterons les rues avec un sourire aux lèvres, n’oublierons pas de saluer chacune des personnes rencontrées, aurons tendance à être patients et serons choqués par un individu capable de bousculer une foule sans même se retourner pour constater l’ampleur des éventuels dégâts.

Préoccupés, nous nous enfermerons dans une bulle de négativité, allant parfois jusqu’à refuser le « droit d’exister » aux personnes s’érigeant tout à coup en tant qu’entités dérangeantes, qu’obstacles sur notre chemin.

Sans une capacité à contrôler nos émotions et à ne pas les laisser influencer notre rapport à autrui, nous nous fourvoyons sur la nature de nos échanges, refusant la notion d’égalité, pourtant nécessaire au renforcement de nos capacités relationnelles.

La politesse, c’est donc cet élément, ce « code » à notre disposition, utilisé pour envoyer un message à la fois très simple et chargé de sens : nous comprenons l’importance de la vie en société, le besoin interactionnel, et ne nous fermons pas à notre environnement, même dans les moments les plus difficiles de notre vie.

Faire preuve de politesse, c’est s’assurer de ne pas écorner son image, de ne pas être marginalisé et mis de côté.

Car ne nous y méprenons pas, s’il n’existe pas de règles formelles de politesse, s’en départir peut avoir de véritables conséquences sur l’aspect sécuritaire de notre quotidien.

Les risques les plus communs étant alors de ne pas parvenir à conserver son emploi, de voir son cercle social se réduire, de se retrouver au beau milieu d’altercations verbales ou physiques ou de ne plus recevoir aucune marque de respect.

2. Mais alors, comment faire preuve de politesse ?

Cerner la nécessité d’adopter la politesse comme règle de vie au quotidien, quelles que soient les situations rencontrées et les affinités développées avec nos interlocuteurs, est en réalité à la portée de tout le monde.

Envers les inconnus, elle sert de marque de respect.

Dans le cadre d’une dispute ou d’une mésentente, elle prouve un désir de ne pas déborder ou verser dans la violence.

Concrètement, un comportement respectueux découle simplement du bon sens et de la prise en compte de certains usages, reconnus comme importants.

Dire bonjour, demander la permission avant de faire quelque chose qui pourrait déranger (ou d’utiliser quelque chose qui ne nous appartient pas), éviter de couper la parole, de monter le ton ou d’adopter un langage non verbal matérialisant un manque d’intérêt… sont alors des manifestations de ce désir, de ce focus porté sur l’échange en cours.

Bien évidemment, ces bases peuvent être accentuées à l’aide d’autres actions, relevant de la courtoisie, voire de la gentillesse.

Pourquoi alors ne pas imaginer laisser votre siège à une personne âgée ou à une femme enceinte dans les transports en commun, ou les aider à traverser la rue en cas de problème ?

Vous arrêter en voiture, pour laisser passer un piéton (surtout quand il pleut ou qu’il fait froid) ?

Faire preuve de compréhension et de patience envers un vendeur ou un serveur qui met du temps à répondre à votre commande du fait de l’affluence ?

Aider une personne à ramasser ses documents qui s’envolent au vent ?

Les cas dans lesquels vos petites attentions ne manqueront pas de faire plaisir sont nombreux, et vous permettront aussi de vous sentir utile et légèrement mieux dans votre peau, ne serait-ce que par le sourire reçu en contrepartie.

Faire preuve de politesse, c’est dépasser les clichés de la société, prendre le temps de sortir de notre routine pour accorder une attention particulière à l’autre, sans attentes dissimulées.

C’est un positionnement psychologique, démontrant une adaptation aux codes sociaux informels régissant notre environnement.

La politesse permet de s’ériger en tant qu’interlocuteur crédible, capable de comprendre les enjeux des interactions mises à jour de manière quotidienne.

À ce titre, elle favorise le partage, mais aussi l’apprentissage de la vie en société.

Elle est un trésor que nous abandonnons parfois au profit d’un égoïsme considéré comme de plus en plus naturel, mais qui concourt à l’établissement d’un climat où la solidarité et l’entraide deviennent utopiques.

En conclusion, la politesse est loin de se borner à décrire un comportement soumis, fait de courbettes et de ronds de jambe.

C’est un moyen de rester au contact de notre milieu et par conséquent, de nous placer sur la route de l’apaisement… et du bonheur !

Qu’en pensez-vous ? Quelles sont pour vous les règles fondamentales de la politesse ? Est-ce pour vous une valeur primordiale ? Vos réponses sont les bienvenues !


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