Compassion : jusqu’où faut-il aller ?

La compassion est une attitude normale.

Nous l’éprouvons naturellement envers des personnes qui nous sont chères, lorsque notre ami a un chagrin d’amour par exemple.

Mais nous pouvons également ressentir de la compassion pour des personnes qui nous sont totalement étrangères.

Nous souffrons pour les victimes d’un attentat, une personne qui mendie dans le froid ou qui fuit un pays en guerre.

Mais jusqu’où peut aller notre capacité à souffrir pour autrui ? Quels en sont les dangers et qui peut en tirer profit ?

La compassion est essentielle à la vie en société

Faire preuve de compassion, c’est être capable d’être pleinement avec l’autre.

C’est parvenir à se mettre à sa place pour ressentir ce qu’il ressent.

C’est une attitude basée sur l’empathie et l’altruisme.

La compassion est un élément important de nombreuses religions.

Elle est notamment à la base de la philosophie du bouddhisme.

Elle est un moyen donné aux hommes pour se comprendre et mieux vivre ensemble.

Ressentir ce que l’autre ressent, c’est être à même de vivre en harmonie avec lui sans empiéter sur sa liberté ou sa dignité.

Essayez de faire la part des choses

La compassion est bien sûr une attitude vertueuse. Mais comme toujours, elle a ses côtés négatifs.

Faire preuve de compassion peut vous empêcher de penser à vous.

La compassion, c’est aussi l’arme favorite des communicants, qu’ils cherchent à vous vendre un produit, une émission de téléréalité ou un programme politique.

Il est donc essentiel de rester sur ses gardes sans pour autant tomber dans l’excès inverse qui consisterait à ne plus se préoccuper de ce que peuvent ressentir les autres.

La compassion n’est pas l’identification

Faire preuve de compassion, c’est être à même de se mettre à la place de l’autre.

Mais attention toutefois à ne pas tomber dans une identification extrême.

Les souffrances de l’autre ne sont pas vos souffrances.

Les comprendre est une chose. Se les approprier en est une autre.

Il ne s’agit pas de faire preuve d’égoïsme, mais bien de comprendre que les tourments des autres ne doivent pas vous faire souffrir autant qu’ils les font souffrir.

Être altruiste est une chose. S’infliger une douleur qui n’est pas la nôtre en est une autre.

Vous n’êtes pas responsable des malheurs de ce monde

Attention à ne pas vous laisser berner par la victimisation.

De la même manière qu’il est dangereux de s’identifier aux autres lorsqu’ils souffrent, il n’est pas souhaitable de se croire responsable de tous leurs maux plus que de raison.

Non vous n’êtes pas responsable de la faim dans le monde, du terrorisme ou de la déforestation de l’Amazonie.

Vous n’êtes pas le centre du monde !

Bien sûr chacune de nos actions contribue à avoir un impact sur toutes ces questions.

En consommant différemment, en s’ouvrant aux autres, en s’engageant pour une cause, on participe à rendre notre monde plus propre et plus juste.

Mais il est essentiel de rester dans une démarche positive et de ne pas culpabiliser.

La compassion peut apporter la confusion

La compassion biaise souvent notre raisonnement et notre capacité à faire la part des choses.

L’émotion suscitée par les attentats à travers le monde est souvent détournée par des penseurs ou groupes politiques extrémistes.

Elle alimente les conflits entre groupes ethniques dans les pays en guerre et le racisme partout dans le monde.

Il faut garder en tête que le monde n’est pas binaire.

Il n’y a pas les bons et les méchants, les bourreaux et les victimes.

Avoir de la compassion pour une personne est compréhensible et utile.

Avoir de la compassion pour un groupe social (une nationalité, une religion ou une ethnie) est bien plus ambigu.

Attention à ne pas laisser votre compassion vous entrainer dans une conception faussée du monde dans laquelle vous feriez la chasse aux personnes soi-disant détestables pour défendre celles qui vous ont émues.

On a de la compassion pour ceux qui nous ressemblent

Un attentat à 10.000 kilomètres de chez nous a toujours tendance à provoquer moins d’émotion que lorsqu’il est perpétré dans notre propre pays ou dans un pays voisin.

De la même manière, les drames touchant des personnes de la même nationalité, ethnie, religion ou du même statut social que nous aurons tendance à provoquer en nous plus de compassion.

Ainsi, alors qu’un séisme provoquant un tsunami en Asie du Sud Est en 2004 a provoqué un afflux de dons inédit (certaines ONG ont dû rendre des dons ne sachant pas comment les utiliser), une catastrophe de même ampleur touchait Haïti dans l’indifférence générale.

L’une des principales raisons de cette différence de traitement est que de nombreux touristes étrangers s’étaient rendus en Thaïlande lors des fêtes de Noël et faisaient partie des victimes de la tragédie qui a touché des régions très touristiques.

La compassion peut être une arme

Du fait que l’on a tendance à la développer davantage pour ceux qui nous ressemblent ou qui nous sont proches que pour les peuples lointains autant culturellement que géographiquement, la compassion est une arme redoutable pour séparer les peuples.

La compassion est une attitude qui peut s’avérer dangereuse en ce sens qu’elle n’est pas motivée par la raison, mais par un instinct.

Elle est donc fortement manipulable, que ce soit à des fins marketing, commerciales, idéologiques ou politiques.

Nombreuses sont les personnes ayant quitté l’Europe pour rejoindre l’État Islamique en Syrie en pensant partir faire de l’humanitaire.

La communication du groupe terroriste est en partie basée sur la compassion de certaines personnes sensibles au sort des peuples syrien ou irakien.

De la même manière, la compassion suscitée par les attaques terroristes en occident est souvent récupérée par des groupes politiques à des fins électoralistes.

Face à vos élans de compassion, ne soyez pas insensible aux malheurs du monde qui vous entoure, mais restez vigilant pour ne pas vous faire manipuler…


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