Le désir doit-il être contrôlé ?

Le désir fait partie de notre quotidien.

Nous désirons tous quelque chose, qu’il s’agisse d’une voiture, d’une œuvre d’art, d’une personne, de vacances au bout du monde ou du poste de son chef.

Le plaisir et la frustration que le désir peut provoquer sont de puissants moteurs pour avancer dans la vie, mais ils peuvent parfois s’avérer handicapants.

Le désir n’est pas un besoin

Il est très important de bien différencier ce qui relève du désir et ce qui relève du besoin.

Bien sûr, il est facile d’affirmer que le fait de manger, boire, respirer ou dormir fait partie des besoins (et même des besoins vitaux) et qu’un tour du monde en voilier n’est que pur désir (voir un pur fantasme).

Mais la limite peut être parfois plus floue entre désir et besoin.

Le désir de l’autre par exemple qui accompagne le sentiment amoureux ou la passion peut être ressenti comme un besoin, comme une condition sine qua non d’une vie sereine.

La dépendance aux drogues, à l’alcool ou au tabac est aussi un exemple flagrant de la limite floue qui existe entre désir et besoin.

Le repas lui aussi oscille entre les deux concepts.

Il est certes nécessaire de se nourrir pour survivre, mais pas nécessairement de se faire plaisir en mangeant un bon plat.

Le désir est le propre de l’Homme

Contrairement aux animaux, les hommes ont réussi à sublimer leurs besoins.

Du besoin de se nourrir, l’Homme a inventé la gastronomie.

Du besoin de communiquer, l’Homme a créé l’art et la littérature.

Du besoin de faire de l’exercice, l’Homme a inventé les sports.

Le fait de combler ses besoins est devenu un plaisir.

Mais le fait de ne pas les combler d’une manière agréable crée à l’inverse un sentiment de frustration.

C’est le désir qui rend la vie humaine si différente de celle des animaux, si passionnante et si palpitante. C’est le désir qui nous pousse à mettre en place des projets, à créer de la beauté.

Mais c’est aussi le désir qui nous pousse à consommer de manière effrénée, parfois au mépris de la morale, du respect de notre environnement et de la dignité d’autrui.

L’animal pour sa part consomme les ressources dont il a besoin pour se nourrir et se développer.

Rien de plus.

La frustration fait partie de l’apprentissage

Apprendre à résister à la frustration, c’est-à-dire à ne pas combler un désir est à la base de notre développement social, de notre relation à l’autre et au monde extérieur.

Parvenir à vivre de manière satisfaisante sans combler tous ses désirs est à mon sens l’un des secrets du bonheur.

Nous avons tous déjà eu le désir de nous téléporter, de devenir invisibles ou de gagner au loto.

Tout ceci est encore impossible ou presque.

Pas de quoi empêcher beaucoup d’entre nous d’être très heureux.

Il est essentiel d’accepter la réalité et son lot de frustrations pour avoir une relation saine à ses propres désirs et en faire un moteur plutôt qu’un frein.

Apprenez à vous faire plaisir

Même s’il est essentiel d’apprendre à dompter et contrôler ses désirs, il ne faut pas non plus que cela devienne obsessionnel.

Vivre sans cesse dans la frustration n’est pas agréable. Lâchez du lest, faites confiance à votre instinct, faites-vous plaisir.

Laissez parfois parler votre désir de gâteau au chocolat en plein régime, de vacances au soleil ou de grasse matinée le lundi matin, quitte à prendre 500 grammes, être à découvert ou vous faire enguirlander par votre boss.

La vie est courte et il est bon de savoir en profiter.

Pourquoi assouvir ses désirs ?

Que vous désiriez dévorer un triple cheeseburger ou devenir président de la République, assouvir votre désir ne vous rendra pas plus heureux sur le long terme.

Quelques minutes à peine après avoir fini votre repas ou quelques jours après votre élection, l’excitation retombera et votre esprit sera occupé par un nouveau désir.

C’est le chemin qui est important dans l’assouvissement d’un désir, pas la fin en soi.

Ne tentez pas d’assouvir tous vos désirs.

Apprenez à les cultiver, à les faire évoluer et à en faire quelque chose d’intéressant et de plaisant au quotidien.

Beaucoup d’étudiants par exemple ne voient leurs études que comme un moyen d’accéder à un poste, à une fonction et vivent leur apprentissage comme une période désagréable étudiant des matières qui ne les intéressent pas.

Une fois leur diplôme en poche, beaucoup sont déçus, soit parce qu’ils sont touchés par le chômage et ne parviennent pas à leurs fins, soit parce qu’ils ne se plaisent pas autant qu’ils le voudraient dans un métier qu’ils avaient tant idéalisé.

Mener une vie que l’on avait fantasmé est souvent moins agréable que dans notre imagination.

On est parfois déçu lorsque l’on assouvit ses désirs.

La satisfaction de nos désirs n’est pas un gage de bonheur.

Elle ne doit pas devenir une obsession au risque de nous faire passer à côté des petits plaisirs du quotidien.

Et quand le désir disparaît-il ?

Si le désir crée la frustration, alors n’est-on pas plus heureux lorsque l’on ne désire rien ?

Deux exemples nous prouvent au contraire que le fait de ne plus rien désirer n’est pas pour autant agréable.

Le premier est celui de la dépression.

Lorsqu’une personne est déprimée, elle vit un ralentissement de son fonctionnement psychique, intellectuel et émotionnel qui s’accompagne d’une perte de désir.

Une personne déprimée perd l’appétit, l’envie de faire des projets ou d’avoir des relations sociales.

Elle n’est plus capable de produire des désirs, alors même qu’elle est dans un état psychologique peu enviable.

Un deuxième exemple est celui de personnes qui à l’inverse comblent immédiatement tous leurs désirs.

C’est souvent le cas des personnes qui deviennent subitement riches et qui s’offrent tout ce dont elles ont toujours rêvé.

Beaucoup d’entre elles tombent en fait dans l’ennui et dans le désespoir.

Ne plus rien désirer rend l’existence extrêmement désagréable, mais satisfaire ses besoins ne rend pas plus heureux non plus.

C’est probablement pour cette raison que l’argent ne fait pas le bonheur…


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