Le manque de sincérité, la dissimulation, la retranscription subjective d’un point de vue… sont des phénomènes que nous rencontrons tous les jours et qui rendent difficile la capacité à distinguer le mensonge de la vérité.
Le mensonge est une fausse déclaration ou une fausse présentation, faite avec l’intention de tromper. Les premiers mensonges d’un enfant ont tendance à être aveugles, et il n’a pas encore conscience des scrupules moraux qui leur sont associés.
À l’âge de 4 ans, les enfants peuvent facilement faire la différence entre les mensonges nuisibles et les mensonges blancs, et ils cessent de mentir sans discernement. En vieillissant, leur mensonge devient plus sophistiqué (c’est-à-dire plausible), une compétence sociale influencée par leur culture particulière, qui joue un rôle central dans la détermination de la manière dont ils mentent et du moment opportun.
En pensant à la structure sociale actuelle, il ne serait pas exagéré de dire qu’on nous ment tous les jours : depuis les discours des élites politiciennes aux messages publicitaires en passant par les petites histoires des personnes que nous rencontrons tous les jours.
Chaque interlocuteur possède une excuse, une raison bien particulière pour ne pas dire la stricte vérité : vous convaincre, vous impressionner, vous rassurer…
Il semblerait cependant qu’il faille être en mesure de détecter le mensonge : cela nous permet d’évaluer la correspondance entre les informations reçues et la réalité des faits.
Détecter le mensonge permettrait alors de se libérer de la manipulation, du poids des croyances limitantes qui pèsent sur notre inconscient et donnerait plus de légitimité à notre faculté de jugement.
1. Étudiez le non verbal de vos interlocuteurs
Il est bien connu que la dissimulation de la vérité a des effets directs sur la gestuelle. Ainsi, il serait possible de détecter le mensonge en étudiant simplement la communication non verbale d’un individu.
Si dans les faits cela reste difficile (question de temps notamment) je vous propose de citer les plus évidentes de ces répercussions.
Les micros-expressions :
Introduites par le psychologue Paul Ekman, les micros-expressions seraient de brèves expressions faciales, à peine perceptibles, qui expriment des dispositions psychiques internes ou des émotions vécues.
Involontaires, inconscientes et incontrôlables, elles s’afficheraient sur le visage d’une personne qui tente de cacher la vérité.
Difficilement identifiables pour un novice en la matière, elles comptent malgré tout parmi les outils existants pour détecter le mensonge.
Les gestes compensatoires :
Pour détecter le mensonge, vous pouvez vous intéresser à l’attitude générale de votre interlocuteur.
Une personne qui tend à multiplier les mouvements « parasites » (inutiles, incongrus) est nécessairement aux prises avec un conflit psychique interne.
Ainsi, une personne qui ment aura tendance à porter sa main vers son visage pour cacher sa bouche et à exprimer son stress (en se rongeant les ongles, en jouant avec ses bagues, un objet de petite taille, en se grattant plus que de raison…).
Raidissement corporel et augmentation de l’espace :
Les personnes qui cachent la vérité ont cette tendance à se raidir, à voir leurs gestes devenir moins naturels, moins amples, moins souples.
Le positionnement corporel évolue lui aussi.
Pour détecter le mensonge, intéressez-vous aux personnes qui semblent augmenter l’espace vous séparant ou dont les mouvements sont clairement hésitants.
Implications visuelles et vocales :
Voilà sans doute le moyen le plus célèbre de détecter le mensonge.
En observant le regard d’une personne, il est reconnu qu’on peut y déceler une tendance à dissimuler la vérité.
Le premier indice, c’est la réduction dans le temps du contact visuel. Ce dernier devient fuyant, semble chercher une échappatoire.
L’autre « signe » du mensonge, c’est le fait de regarder vers sa gauche.
La partie du cerveau servant alors de référence est celle favorisant l’imagination, la construction d’une réalité, alors que la mémoire impliquerait un regard vers la droite.
Au niveau de la voix, vous pourrez détecter le mensonge en vous intéressant aux variations trop soudaines de tonalité et de rythme.
Le fait de se racler la gorge trop souvent ou de ne laisser que très peu de blancs dans une conversation sont là encore des indices d’une tendance à modifier la réalité des faits.
L’ensemble de l’analyse non verbale reste discutable et dans les faits relativement difficile à mener lors d’une discussion.
N’oublions pas objectivement qu’impliqué dans un échange, vous aurez vous-même d’autres impératifs, comme celui de répondre aux questions que l’on vous pose ou d’assimiler les informations reçues.
2. Évaluer votre part de la responsabilité
Vous avez sans doute remarqué à quel point la plupart des gens ont cette tendance à vouloir s’attribuer le mérite d’une action reconnue par consensus comme étant positive, enrichissante ou bien menée.
En prendre la responsabilité, c’est alors renforcer sa crédibilité et sa légitimité auprès des autres acteurs de son environnement.
La dissimulation de la vérité pousse, au contraire, à rejeter toute implication dans le processus d’accomplissement d’une action ou d’une prise de décision.
Pour détecter le mensonge, intéressez-vous aux récits qui vous sont comptés :
Quand une personne vous avoue un méfait, en commençant sa phrase par un « je » responsabilisant et en la poursuivant par le « nous », qui au contraire partage et dilue cette même responsabilité, il y a de fortes chances qu’on essaye de vous manipuler…
Plus une personne semble se détacher de ladite action ou en attribuer le mérite à quelqu’un d’autre, plus votre suspicion devra rester en alerte.
3. Posez des questions directes
Détecter le mensonge passe par la reconnaissance des incohérences communicationnelles que nous percevons.
À ce titre, quand vous soupçonnerez un détournement de la vérité, il est conseillé de tout simplement poser des questions.
Les réponses formulées pourront vous aider à définir la crédibilité de votre interlocuteur.
Une des tendances les plus fréquentes chez les menteurs, quel que soit leur milieu social, c’est le babillage.
Au lieu de répondre clairement à vos interrogations, une personne qui vous ment tentera de vous noyer dans un flot d’informations.
Inconsciemment, cette manœuvre sert à se dédouaner, tout en justifiant le fait d’avoir fourni des explications.
C’est d’ailleurs une technique utilisée au quotidien par nos représentants.
Regardez les débats politiques, quels qu’ils soient, et vous vous apercevrez qu’il est bien rare de voir un interlocuteur répondre précisément à une question.
Pour détecter le mensonge, il convient alors de focaliser son attention sur la précision des réponses apportées par nos interlocuteurs.
Plus ils tournent autour du pot, plus leur crédibilité peut être remise en cause.
4. Analysez de la réaction de vos interlocuteurs
Un autre réflexe très simple à identifier, qui pourra vous aider à détecter le mensonge, c’est la tendance qu’ont les dissimulateurs à vous renvoyer la balle.
Au lieu de répondre de manière franche et directe à vos interrogations, les personnes peu enclines à dire la vérité auront tendance à terminer leur discours par une question.
À bien y réfléchir, cette méthode est très courante. Elle permet de minimiser sa propre implication en essayant de faire peser la culpabilité sur la personne qui nous accuse.
Ces retournements collent rarement avec le contexte : ces questions sortent de nulle part et apparaissent objectivement comme des bouées de secours permettant de réfuter sa responsabilité.
La capacité à détecter le mensonge n’est pas uniquement un outil permettant de renforcer votre légitimité lors de conflits.
Elle est aussi efficace pour mettre à jour les personnalités toxiques, renforcer votre confiance en vous et vous permettre une meilleure adaptation à votre environnement.
4. Préparez le terrain pour qu’on vous dise la vérité
Arrêtez de poser beaucoup de questions !
La succession de questions est ce qui amène une personne à être moins franche, elle a l’impression que vous essayez de lui arracher l’information et que vous allez ensuite mal agir face à cette information.
Et s’ils ont l’habitude d’agir face à ce comportement, rassurez-vous qu’ils ont aussi l’habitude de préparer des réponses à ces questions. Des réponses qui ne sont forcément pas des vérités.
La succession de questions a aussi tendance à faire croire qu’on essaye de « contrôler » la personne qu’on lui ôte sa liberté… Et ce n’est surtout pas comme cela qu’une personne se sent à l’aise pour dire la vérité.
Alors, la solution pour obtenir de l’information sans trop l’imposer, c’est d’agir pareillement que celui dont on veut l’information. C’est la règle de réciprocité !
Par exemple, pour connaître ce que votre mari(e), ou enfant a fait de sa journée, racontez la votre toute détaillée. Il aura alors un sentiment d’obligation de faire la même chose et de vous raconter la sienne exactement comme vous le souhaitez.
Parler de soi est un excellent moyen tout naturel de pousser les gens à parler d’eux.
Réagissez calmement lorsqu’on vous dit la vérité !
Garder votre calme même lorsque ce qui est dit vous dérange est une deuxième très bonne stratégie.
Si vous réagissez agressivement ou désagréablement à la vérité qu’on vous dise, vous pouvez dire à dieu à la franchise !
En faisant cela, vous punissez la personne qui vous dit la vérité tant recherchée. Vous montrez que vous n’êtes pas une personne digne de la savoir.
Les gens prendront leur garde la prochaine fois. Ils savent qu’ils devront se protéger et que ce n’est pas dans leur intérêt de dire la vérité.
En sachant comment détecter le mensonge, vous vous protégez et vous permettez d’évoluer de manière sereine, en vous libérant de toute manipulation.
Le mensonge est souvent le résultat d’une peur, il suffit que vous soyez capable d’entendre la vérité, de comprendre les causes qui le produisent, et faire comprendre à autrui qu’il n’a pas besoin de vous mentir.
Et vous, comment vous y prenez-vous pour repérer une distorsion de la vérité ?
À bientôt !
JJeremy a écrit
Detecter le mensonge peut parfois nous porter préjudice, il y a en effet plusieurs possibilités de les détecter mais certains valent parfois mieux fait d’être passer inaperçu.
JJean-Baptiste a écrit
Bonjour Jeremy et merci pour ce retour.
J’approuve votre point de vue, mais ce n’est pas vraiment le sujet que je me suis proposé d’étudier ici.
Je donne simplement des clés pour détecter le mensonge.
Les effets de ce dernier et le jugement relatif au bienfait d’une révélation entrent dans le cadre d’un tout autre débat :)
CChris a écrit
Tu ne parles pas des recherches récentes sur la direction du regard?
JJean-Baptiste a écrit
Non, je ne peux pas tout aborder dans un article… et ce dernier est déjà très long.
De plus, j’ai rédigé un ouvrage physique sur la communication non verbale qui va sortir partout en France, dans lequel le thème du mensonge et de ses manifestations est plus que largement traité.
CChantal a écrit
Bonjour,
Oui, mes centres d’intérêts en ce moment ! J’ai lu Messinger, Navarro, Liebman, Labelle et prochainement J&B ! Je me suis procurée la saison 1 de Lie To Me pour laquelle Paul Ekman a contribuée ; c’est très instructif et permet de pratiquer les connaissances acquises. Je me suis intéressée à ce phénomène parce que je voulais essayer de comprendre pourquoi, comment j’arrivais assez souvent à détecter le mensonge ou le « boolshitage » qu’on tentait de me servir. Je me disais que quelque part, dans ma tête, je devais faire des associations quelconque mais lesquelles ? Maintenant j’ai une bonne idée ! Je compte aussi me documenter sur la morphopsychologie et le mentalisme, j’ai déjà repéré mes ouvrages (pratique la wishlist dans Amazon).
Bref, l’idée n’est pas d’analyser les micro expressions de tout le monde et de paranoïer avec ça mais bien justement de simplement savoir à qui on a affaire et ainsi éviter certains pièges…
Un truc me chiffonne là, le regard vers la gauche ne serait pas plutôt la recherche du souvenir et à droite, la construction de l’idée donc, la construction d’un mensonge ? En gros, à gauche le passé et à droite l’avenir ? Si tu pratiques sur toi, en cherchant un souvenir dans ta tête, tu vas regarder vers le bas à gauche (je l’ai testé sur un innocent et c’est ce qu’il a fait) mais par contre, si tu raconte ou élabore un projet à venir, tu vas regarder à droite… À la base, la meilleure personne pour pratiquer, c’est soi-même !
Cordialement, UNE québécoise
JJean-Baptiste a écrit
Hello !
Je ne sais pas si c’est ce que tu voulais dire, mais je viens effectivement de sortir un ouvrage sur la communication non verbale qui traite en partie, du mensonge :)
Et non, (je viens de tester pour être certain), la droite c’est bien le souvenir :)
Mais bon, micros-expressions et regard ne sont de toute manière pas les meilleurs indicateurs… la gestuelle est aussi très parlante, comme la construction du discours !
À bientôt !
JJean Jacques Standley a écrit
j’ai essaye, essaye, et encore essaye, et j’arrive pas a le detecter. est ce parce que le personnes que je cotoie sont integres ou qu’elles soient trop habilles? ya t-il pas d’autre moyen plus clairs de le detecter? est ce qu’une personne, qui veut toujours justifier ses dires, ment?
JJean-Baptiste a écrit
Bonjour Jean Jacques.
À trop vouloir essayer, on se perd parfois dans la contradiction des signaux repérés :)
Et oui, l’intégrité est aussi une qualité qu’on peut rencontrer !
En revanche non, le fait de toujours se justifier n’est pas une preuve formelle de la formulation d’un mensonge. Cette tendance peut naître d’un manque de confiance en soi, d’une peur du regard d’autrui, voire d’un besoin de reconnaissance.
Pour ce qui concerne les autres outils, de nombreuses études ont été menées sur les clignements des yeux (Albert Vrij) ou les micros expressions du visage (Paul Ekman) par exemple…
À bientôt !
OOumzaza a écrit
Je confirme ! Je passe mon temps avec mes proches à me justifier par manque de confiance en moi, parce que j’ai peur qu’on ne me crois pas, ou qu’on me comprenne mal, ou qu’une autre info arrive et semble contradictoire alors que juste complémentaire ! (je me justifie encore !!!! =D)
jjeanfido altidor a écrit
Je voudrais savoir quelques gestes courants que l’on peut faire apres avoir mentir,et aussi les expressions qui peuvent etre afficher sur le visage.
JJean-Baptiste a écrit
Bonjour Jeanfido
Le mensonge est un défi psychologique, il entraîne à ce titre de nombreux gestes compensatoires démontrant le conflit interne. Mouvements répétés des mains, haussements des épaules, déglutitions répétées…
Pour le visage, le débat fait rage… ce qui est certain c’est que les contacts visuels tendent à raccourcir dans la durée et que les sourcils ont tendance à s’élever. Il est aussi à noter qu’un léger tremblement des narines peut apparaître.
J’ai écrit un ouvrage à ce sujet, que vous trouverez en lien dans l’article traitant de la communication non verbale !
Bonne continuation à vous et à bientôt !
LLiana a écrit
L’une des questions qui m’intriguent est de discerner le mensonge à travers la fraction de seconde à laquelle la réponse que l’on attend est donnée.
Plus la personne interrogée répond rapidement (c’est alors là qu’elle dit la vérité ?) si elle met (plus de temps à répondre quelques secondes) c’est qu’elle dissimule la vérité ?
Ou alors la personne recherche dans sa mémoire en mettant la main devant la bouche, c’est alors qu’elle hésite à nous dire la vérité ? Elle se remet en question en dissimulant TOUJOURS la même vérité.
JJean-Baptiste a écrit
Bonjour Liana.
Non, le fait de mettre du temps à répondre ne signifie pas nécessairement qu’un interlocuteur ment. Il arrive aussi de vouloir formuler objectivement une réponse, ce qui peut demander un effort de réflexion.
La main devant la bouche en revanche est un début d’indice, mais il en faudra plus pour déterminer si une personne dit la vérité ou non !
Amicalement,
LLiana a écrit
Éclairez-moi ma lanterne en me disant s’il faut ou pas choisir un moment propice ou pas pour détecter notre vérité. Ou alors tous les moments sont permis pour questionner.
Si la personne questionnée vous dis : heumm laisse moi réfléchir si… sommes-nous à deux doigts qu’elle crache le fameux morceau de vérité ou alors c’est peine perdue vaut mieux de ne pas insister pour avoir la vérité ?
JJean-Baptiste a écrit
Tout dépend de l’attitude globale de votre interlocuteur. Le moment propice, s’il y en a un, se matérialise au moment de la formulation des réponses. Mais le fait d’hésiter ou de réfléchir n’est pas mauvais signe. Le sujet importe aussi… si la question demande une véritable analyse, la réponse sera plus difficile à donner.
Le meilleur moyen reste d’analyser le comportement de la personne vous faisant face : de sa manière de se tenir, à son regard, en passant par la mise en relief d’une éventuelle crispation ou sa tendance à donner des surplus d’information, pour noyer le poisson.
À bientôt !
PPirex a écrit
Pour savoir la vérité, je met ma serpette sous la gorge de l’interlocuteur, et en le regardant dans les yeux je lui demande de ne plus se tromper dans ses prochaine réponse!
C’etais un mensonge, juste pour plaisanter un peu!! ;)
En ce qui concerne cet article je le trouve très intéressant, et m’aperçois qu’en fait sans le savoir je me rendez compte inconsciemment de ces signaux, mais sans être sûre du mensonge…
Je me disais que j’étais trop méfiant quand a l’honnêteté du genre humain!!!
J’ai lu dans un autre article, qu’une personne qui ment regarde vers sa droite, donc votre gauche si vous êtes en face d’elle!!!
Pouvez bien vérifier si vous ne vous êtes pas trompé.
Amicalement,
JJean-Baptiste a écrit
Bonjour Pirex.
J’ai beaucoup ri en lisant l’introduction de votre commentaire !
Oui j’ai déjà vu que l’analyse du regard diffère sur d’autres supports… je suis pourtant certain de ce que j’avance dans mon article :)
Amicalement,