Refoulement : est-il notre ennemi ou notre allié ?

Le refoulement, c’est un concept imaginé par Sigmund Freud, le père de la psychanalyse.

Ce processus est complexe et sujet à débats et controverses.

Je ne prétends pas ici expliquer de manière exhaustive ce qu’est le refoulement.

Mon objectif est simplement d’en donner un aperçu le plus compréhensible possible.

Pour faire très simple, le refoulement est un mécanisme par lequel notre esprit renvoie vers notre inconscient des choses gênantes ou qui pourraient provoquer du déplaisir ou nous rendre inaptes à la vie en société.

Il peut s’agir de souvenirs ou d’informations, mais également de pulsions.

Ainsi, nous avons le pouvoir d’oublier ou d’occulter ces informations qui nous rendraient la vie impossible.

Mais ce refoulement peut également être à la base de troubles, de pathologies, de maladies.

C’est en tout cas l’idée défendue par Freud qui, en thérapie, tente de favoriser la remontée de ce qui a été refoulé.

Le refoulement n’est pas irréversible

Le refoulement de pulsions ou d’informations ne veut pas dire pour autant qu’elles disparaissent à tout jamais.

Elles peuvent ressurgir du jour au lendemain sous différentes formes et à travers différents symptômes.

C’est le « retour du refoulé ».

Les actes manqués, par exemple, sont, selon la théorie de Freud, une manière inconsciente d’exprimer une envie, une idée ou une pulsion refoulée.

Il s’agit d’actes que nous commettons sans le vouloir, mais qui ne seraient pas entièrement liés au hasard.

Les lapsus sont l’exemple le plus connu d’actes manqués.

Le refoulé refait également surface dans nos rêves, dont Freud a consacré un ouvrage entier à l’interprétation.

Le refoulement peut être pathologique

Mais ce retour peut également se faire à travers la somatisation, c’est-à-dire l’expression corporelle.

C’est ce que l’on appelle souvent un trouble « psychosomatique ».

Il peut s’agir de problèmes de peau comme de l’eczéma ou du psoriasis, mais aussi de symptômes plus graves tels que des paralysies, un mutisme ou des troubles sensoriels.

Ces symptômes peuvent devenir pathologiques, voire même très handicapants.

On entre alors dans la névrose.

Dans l’un de ses ouvrages, Freud met par exemple en lumière le cas d’une certaine « Anna O. », le premier cas d’hystérie (une forme de névrose) qu’il décrit.

Suite à la mort de son père, Anna O. se met à souffrir de paralysies, d’hallucinations et n’est plus capable de s’exprimer en allemand, sa langue maternelle.

Pour Freud, ces symptômes sont la manifestation d’un retour de sentiments refoulés liés à la perte de son père.

Ce n’est pas le refoulement ni le retour du refoulé en lui même qui représentent un danger.

La pathologie vient quand le refoulement est disproportionné, demandant à notre psychisme une trop grande énergie pour éviter le retour de ces informations.

Notre esprit et notre corps se fatiguent et réagissent de manière mal adaptée à notre environnement.

Le jeu n’en vaut alors plus la chandelle.

Le refoulement est essentiel

Néanmoins, le refoulement est un processus essentiel à notre bon fonctionnement mental et même à nos apprentissages.

Refouler des informations inutiles nous permet tout d’abord de ne pas encombrer notre mémoire.

Mais le refoulement est aussi ce que l’on appelle en psychologie un « mécanisme de défense », c’est-à-dire une stratégie mise en place par notre esprit pour nous protéger de certains dangers.

S’il n’est pas excessif, il nous permet donc de nous protéger de souvenirs traumatiques ou de pulsions qui ne seraient pas adaptés à la vie en société.

Une personne incapable de mettre de côté ses pulsions peut s’avérer dangereuse, à la fois pour elle et pour les autres.

Mais là où le refoulement prend tout son intérêt, c’est dans le processus d’apprentissage.

Toujours selon la théorie freudienne, les pulsions (notamment sexuelles) qui n’atteindraient pas leur but (la satisfaction), pourraient être redirigées vers un nouvel objet, une nouvelle cible.

Autrement dit, l’énergie que nous dépensons pour apprendre ou pour nous montrer créatifs serait issue du refoulement de certaines de nos pulsions.

C’est ce que l’on appelle la sublimation.

Comment mieux gérer le refoulement de nos pulsions ?

Le refoulement de nos souvenirs et de nos pulsions n’est donc ni positif ni négatif pour notre fonctionnement psychique.

Tout est encore une fois question de mesure, d’équilibre.

Mieux gérer le refoulement ne signifie donc pas l’éviter.

L’un des principes de la thérapie psychanalytique est de faire remonter à la surface une partie de ce que nous avons refoulé.

Freud lui-même considérait le retour du refoulé comme libérateur.

Toutefois ce processus peut prendre des années, parfois toute une vie.

Il demande un investissement personnel énorme et n’est pas recommandé pour tout le monde.

Une manière de laisser s’exprimer sainement toutes ces informations enfouies reste encore de favoriser la sublimation et de laisser s’exprimer nos pulsions de manière indirecte, en exerçant des activités artistiques, en écrivant un journal intime ou un roman, en peignant ou en dessinant, en chantant ou en faisant du théâtre.

Toutes ces disciplines artistiques sont d’ailleurs fréquemment utilisées en psychothérapie, alors pourquoi ne pas les pratiquer dans la vie de tous les jours ?


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